By its means, by the retention of gusty air
Original French: Icelle moyenant, par la retention des flotz aërez
Modern French: Icelle moyenant, par la retention des flotz aërez
icelle moyennant
Ceci est imiteé d’ Agrippa, chap. LXXVIII de son De vanitate scientiarum. (L.)
Œuvres de Rabelais (Edition Variorum)
p. 282
Charles Esmangart [1736-1793], editor
Paris: Chez Dalibon, 1823
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the Retention of the Waves of the Air
Much of what follows is taken from Pliny xix. § 1. with some alterations, particularly in that Pliny puts it down to the operation of flax (linum) whereas Rabelais assigns it to hemp or Pantagruelion.
Gargantua and Pantagruel
William Francis Smith [1842–1919], translator
London, 1893
icelle moyenant…
Ici commence l’imitation de Pline la plus soutenue et la plus originale. Nous croyons que, pour les lecteurs contemporains du Tiers Livre, c’est le passage de l’Eloge du pantagruélion qui montrait le plus clairement ce que c’était que cette plante : « Sed in qua non occurret vitae parte, quodve miraculum majs, herbam [sc. linum] esse, quae admoveat Aegyptum Italie […] lenissimo flatu ; herban esse quae Gades ab Herculis columnis septimo die Ostiam adferat et citeriorem Hispaniam quarto, provinciam Narbonensem tertio, Africam, altero. […] Audax viat, sclerum plena, aliquid seri ut ventos procellasque capitat, et parem esse fluctibus solis vehi, jam vero nec vela satis esse majora navigiis, sed quamvis vis amplitudini velorum contemnarum singulae arbores sufficiant, super eas tamen addi alia vela praeterque alia in proris et alia in puppibus pandi, act tot modis provocari mortem, denique e tam parvo semine nasci quod orbem terarum retro citro portet, tam gracili avena, tam non alte a tellure tolli, neque id viribus suis nexem, sed fractum tunsumque et in mollitiem lanae coactum injuria ad summa audaciae preventre ». Dans son adaptation Rabelais tient compte des progrès géographiques de son temps, et rejette le pessimisme et la nostalgie de la vie primitive. Insistons sur le fait que ce passage de Pline était très connu des lecteurs contemporains. Non seulement il vient tout au début du XIXe livre, mais il domine aussi le chapitre consacré a ce sujet par Polydore Vergile (De Inventoribus rerum, III, vi). H.C. Agrippa aussi, dans le chapitre lxxviii, De agricultura, de son traité De vanitate omium scientiarum et excellentia verbi Dei, reproduit brièvement les regrets de Pline à propos de l’usage téméraire que les hommes font du lin. Bref, lechanvre et le lin, plantes miraculeuses aux yeux de Pline, à cause de la multiplicité des usages auxquelles elles se prêtent, mais qui fournissent aussi un exemple frappant de la témérité humaine, auraient évoqué chez le lecteur cultivé de la Renaissance les mots de Pline que nous avons copiés et dont Rabelais s’inspire. Autrement dit, Rabelais donne ici, au lecteur tartif, la clef de son énibme. (Cf. Etienne de L’Aisgue, Commentarii, ccxxxcv r°).
Le Tiers Livre
Michael A. Screech, editor
Paris-Genève: Librarie Droz, 1964
Pourquoy est dicte Pantagruelion, & des admirables vertus d’icelle.
Derrière l’apparente célébration du pantagruelion, il faut en fait lire un éloge paradoxical, comme le montrent bien les usages particuliers du lin qui encadrent ce chapitre et sont objects d’exécration pour certains. Ainsi, tout en maagnifiant l’usage du lin qui permet, par les voiles, de rapprocher les pays, qui met Cadix à sept jours d’Ostie, Pline, XIX, 1, déplore l’audace de l’homme qui provoque ainsi la mort (Voir Tiers Livre, ed. Screech, n. 136, p. 345).
Une condamnation violente est fait par Polydore Virgile, III, vi, dans son livre des inventions «nouvellement traduit de Latin en Francoys declairant les inventeurs des choses qui ont estre» (1544) : «Nous avons chose digne d’execration : par par ce, maintz sont periz, plusieurs hommes devorez et ensepulturez au ventre des Balaines, Esturgeons, et autres genres de poissons : quel mioracle peult on estimer oyu voir plus grant, que saillir d’un si petit grain de lin, une si grant herbe. Feut pas bien la vie des hommes audacieuse, de vouloir concepvoir l’invention de semer le lin, pour recevoir les vens et tempestes. Le lin croist de si petite chose, et si est assez puissant pour deffaire les hommes. L’on en faict les cordes desquels les maulvais sont pendus et estranglez. Pline dit qu’on ne scauroit trop blasmer l’invention du lin. Venons a notre propos. Arachne vierge de Lydie, trouva le lin comme dit Pline sur son septiesme: nonobstant que trouvions devant elle, que l’usage feut vers les Hebrieux.» Le pantagruélion reprend ainsi les réflexions sur la mètis mises en œuvre dans Pantagruel (voir la Notice de cette œuvre, p. 1221)
Œuvres complètes
p. 505, n. 14
Mireille Huchon, editor
Paris: Gallimard, 1994
Icelle moyenant…
Rabelais récrit la préface du livre XIX de l’Histoire naturelle de Pline, et, d’une déploration, fait une célébration: «Pour commencer aux choses qui sont notoirement profitables et par terre et par mer, que diron-nous du lin […]? Il n’y a pays ni region au monde que ne s’en sente. Car y a-il chose plus miraculeuse en cest Univers, que d’y pouvoir remarquer une herbe qui fasse approucher l’Egypte d’Italie […]? Y a-il donc herbe plus souveraine que celle qui fait voir en sept jours le destroit de Gibraltar, depuis le havre d’Ostia, le Royaume de Catelongne en quatre, la Provence en trois, et la Barbarie en deux ? […] O monde temeraire et pervers, de cultiver et mettre en avant ce qui sert à golfer les vents, les orages et les tourbillons, comme si le flot de l’eau n’estoit assez basant [=suffisant] pour charrier ce superbe animal! […] Y a-il chose plus admirable qu’une petite graine, que le lin, qui rend sa tige si basse et si mince, fasse en un moment voir tant de monde? veu mesmes qu’avant que s’en pouvoir servir, il la faut naiser, battre et froisser, pour la rendre enfin douce comme laine, et ce au grand detriment de genre humain, de sort qu’on ne pourroit assez condignement abhorrer et abominer le premier inventeur de ces voiles malheureuses, qui font servir l’homme de pasture aux poissons, sans avoir l’hommeur d’estre ensevely, comme on fait ceux qui meurent en terre ferme […]» (trad Du Pinte).
Le Tiers Livre
p. 464
Jean Céard, editor
Librarie Général Français, 1995