the people of the Alps call it melze;
Original French: les Alpinois la nomment Melze:
Modern French: les Alpinois la nomment Melze:
Notes
mélèze
Omnia autem haec genera accensa fuligine inmodica carbonbe repente expuunt cum eruptionis crepitu eiaculanturque longe excepta larice quae nec ardet nec carbonem facit nec alio modo ignis vi consumitur quam lapides.
All these [resinous] kinds of trees when set fire to make an enormous quantity of sooty smoke and suddenly with an explosive crackle send out a splutter of charcoal and shoot it to a considerable distance—excepting the larch, which does not burn nor yet make charcoal, nor waste away from the action of fire any more than do stones
Melze
Meleses estants si frequentes au territoire d’Embrum & autout de Morienne, ne donneront despense à recouurer. Elles ont leurs semences plus petites que Cyprés, tant en la pommette que au noyau, toutesfois chasque chartée sur le lieu, qui l’entreprendoit, ne cousteroit pas un sou. C’est sur celuy dont la Manne est cueillie, & la grosse Terebenthine & l’Agaric aussi, & dont l’arbre est autant frequent es montaignes des Grisons, nommez en Latin Theti, qu’il fut onc, & es mesmes endroicts dont Tibere Empereur en feit apporter à Rome pour refaire le pont Naumachiarius, qui auoit esté bruslé.
larege
Larege. Un arbre retirant à un Pin ou Sapin, Larix laricis, Les Venitiens l’appellent Larege, les Montagnars la nomment Melze.
Alpinoys
Les habitants des Alpes.
melze
Mélèze.
melze
The modern French for Larch is mélèse, formerly melesse.
melze
Le miélat se trouve sur les feuilles de mélèze, appelé aussi larix.
larege
«Larege, Un arbre retirant à un Pin ou Sapin, Larix laricis. Les Venitiens l’appellent Larege, les Montagnars le nomment Melze», écrit Nicot. Sur l’agaric, voir Pline, XXV, 9, et Ruellius, De natura stirpium III, 1 : ce champignon était utilisé en médecine. La résine de mélèze est décrit par Pline, XVI, 10, et vantée par Galien, De compositione medicamentorum per genera, I, 12. Le «miel du ciel», ou «manne», qui, à l’aube, degoutte notamment sur les feuilles de mélèze, est examiné par Langius, Epistolae medicinales, LXIV. L’incombustibilité du mélèze est assurée par Pline, XVI, suivi par un foule d’auteurs.
Noms et Toponymie du Mélèze
Conifère à aiguilles caduques et à petits cônes dressés, le mélèze d’Europe ou mélèze commun, Larix decidua, est une espèce d’arbre du genre Larix appartenant à la famille des Pinacées. C’est une espèce pionnière qui recouvre largement (1400 à 2400 m) l’étage subalpin des Alpes. Il abonde dans les massifs internes des Alpes, du Mercantour aux Grisons, en passant par l’Ubaye, le Queyras, le Briançonnais, les hautes vallées Piémontaises, la haute Maurienne, la haute Tarentaise, la vallée d’Aoste, le massif du Mont-Blanc, le Valais, le Tessin, l’Engadine (dans une liste large et non exclusive !).
Il évite les zones trop humides des Préalpes du Nord ou trop sèches du Midi. On le rencontre, à l’adret avec le pin sylvestre vers 1400 m, et à l’ubac, avec l’épicéa en dessous de 2000 m, et le pin cembro au dessus de 2000 m. Mélézin est le nom donné aux forêts où il domine.
Il produit une exsudation sucrée, dite manne de Briançon.
Le nom français mélèze vient du Dauphiné où l’ancien dauphinois MELESE (attesté en 1313) remonte à une forme *MELICE, issue, après changement d’accentuation propre aux parlers de cette aire géographique. (-ĭce > -eze dans les parlers de la Drôme), d’un mot préroman *MELIX, -ICE formé du croisement d’un radical gaulois MEL-, MELI- désignant cet arbre, avec le mot latin LARIX qui le désignait [DELF, CNRTL – lexicographie, mélèze]. Comme beaucoup de résineux, l’arbre était probablement désigné par sa sève puisque le gaulois MEL-, MELI- est à rattacher à l’indo-européen *MÉLI(T) = miel, également à l’origine du gaulois MELISSOS = doux, agréable [Delamarre]. Le latin LARIX a lui aussi été emprunté aux parlers gaulois alpins [BG2, Gaffiot]. Il a conduit directement au nom du mélèze en italien : larice.
Le mélèze est ainsi l’arbre alpin par excellence. Jusqu’à Rabelais qui atteste que melze est un mot employé par «les Alpinois» (Tiers Livre, chapitre 52, éd. M. A. Screech, p.352).
On ne s’étonnera pas qu’avec de telles racines dauphinoises, le nom se soit particulièrement développé dans les dialectes locaux sous des formes diverses et variées et se soit enraciné dans la toponymie régionale. Toutefois si le nom français s’est généralisé, le nom dauphinois semble s’être plutôt étendu en zone occitane, occitane alpine en particulier, car en zone francoprovençale il a subi la concurrence forte des noms issus de LARIX. C’est ainsi que sur les Alpes du Sud, occitanes, on est dans la zone de MÈLZE [mèlzé] (tout le Dauphiné inclus) et que sur les Alpes du Nord, francoprovençales, le sud et l’ouest de la Savoie sont dans la zone de MELESE alors que le nord/nord-est de la Savoie et la Suisse romande sont dans la zone de LARZE. Mais la vallée d’Aoste et la haute Tarentaise font exception avec un troisième étymon BRINVA.
En zone de parlers occitans, les formes relevées sont nombreuses :
MÈLE [mèlé], MÈLZE [mèlzé] à Barcelonnette, MEOUZE [méousé], MEOUVE [mèouvé] en Languedoc [Honnorat].
MÈLE [mèlé], MÈUSE [mèusé], MÈLZE [mèlzé], MERZE [merzé], MEARE [méaré] dans les Alpes [Mistral].
En Ubaye, on trouve aussi MÈLZE [ mèlzé] et MÉARZE [méarzé], MÉALZE [méalzé] (Saint-Pons), MÈLSE en haute Ubaye, le lieu-dit Miélha à Fours [Arnaud].
À Seyne, MEUSE [ ‘mewzé] balance avec MIALE [Mjalé] [Quint].
En Queyras, Briançonnais et vallées Vaudoises, on retiendra MERZE [merzé]) [Chabrand].
En Vallouise, on a plus simplement MÈZE [mèzé] [Garnier] et MARZÉ [merzé] à Prelles [Eïlamou].
À la Roche-de-Rame, MÉARE dans le lieu-dit Pré Méare.
En haut Dauphiné, MERZE [merzé], en bas Dauphiné, MEILE [Moutier].
Dans les hautes vallées piémontaises, MŒLZÉO [TGF]. Pian Melze dans la haute vallée du Pô.
Encore ces différentes graphies ne traduisent-elles que des nuances de prononciation plus ou moins bien captées par les collecteurs, avec des rendus non homogènes. Toutes se retrouvent plus ou moins dans la toponymie des Alpes du Sud, jusqu’en Savoie du Sud, et même en Lozère et Haute-Loire.
Dérivant directement de l’étymon MELESE, Ceillac a le Mélézet, Forestum de Melleseto au XIIIe siècle, Melleset en 1321 [TGF], de même à Jausiers [Arnaud]. Le Mélezet, hameau de Bardonnèche.
Les mélézins se retrouvent dans divers noms de lieux : la Melzeréa et lou Melzeroùn aux Thuiles, Merzeléas à Fours et Merzeroùs à Enchastrayes en Ubaye [Arnaud]. Sans oublier Villar-Saint-Pancrace mais dont le Mélézin est sans doute de formation plus moderne.
En Briançonnais, BLETON désigne aussi le mélèze, de l’occitan BLETOUN, BLETOU = mélèze, par élargissement localisé au Briançonnais du sens d’origine du mot, jet d’un arbre, tige d’un jeune arbre, jeune plant [Mistral]. On a ainsi les toponymes : Bleton et la Blettonnée à la Salle-les-Alpes, la Bletonnée à Saint-Martin-de-Queyrières, Blétonnet à Réotier, le Blétonnet au dessus du Laus à Cervières, Bletounet à Névache, Blétouréou (lieu où pousse le bléton, donc le mélézin) à Val-des-Prés, et Bletonet jusqu’à Saint-Bonnet [Faure].
En zone francoprovençale, c’est plus compliqué car MELESE se heurte à la fois à la concurrence de LARZE et de BRINVA.
(i) Le type MELESE domine au sud, en Maurienne, et à l’ouest de la Savoie, jusque vers le massif des Aravis et monte même jusqu’à l’ouest du Chablais :
MELÉZA en Albanais, dans les Bauges (à Leschaux), les Aravis (Thônes, Cordon) et l’ouest du Chablais (Massongy, Saxel) et MLÉZO à Annecy [Viret].
La Maurienne a MELÉZHO à Montricher [Gros], et beaucoup de lieux-dits, comme :
Le Mélèze, el Melezo dans un terrier de 1475 à Valmeinier ; Mélezet, in Melleyseto et Mellesey en 1508 à Valloire ; Mélezet, Molarium de Melezeto en 1393 à Montvernier ; le Mélezet à Modane, à Villarodin ; le Mélèzert à Lanslebourg ; Melezières sur le cadastre d’Albanne [Gros] ; le Méledzo sous la Comba à Bessans [Chazal1].
(ii) Le type LARZE, LARZHE [BG2] l’emporte en Suisse romande et au nord/nord-est de la Savoie :
LÂRZA en Chablais, LÂZA à Beaufort, LÂZO, LÂRDZÈ à Moûtiers, LARITO à Arvillard, LARSE à Chamonix [Viret]. Le mélézin est LARZAI, LAZAI ou LARSÈTA à Chamonix [Viret].
En Valais et Préalpes vaudoises, LARZE, LARSE, LARGE, à Genève LARJE, pourvoyeurs de toponymes en
LARZETTE, LARGETTE, LARSEY, LAZEY, LAZIER, LARDZYER, LAGIER, LAZAIRE [Bossard] avec le suffixe collectif -EY < -ETUM qui permet de nommer le mélezin [BG2].
À Courmayeur, LARZEY [Boyer].
Le chanoine Gros cite le patois LARO > LARE, LARRE, comme nom vulgaire du mélèze en Savoie, sans autre précision. Il croit retrouver le nom du mélèze sous Larchat, au cadastre de Valloire, mais repris en l’Archaz par IGN et sous Laro, Laroz, Granges de l’Haroz qui nommaient un alpage noyé du plateau du Mont-Cenis. Dans ce cas, il y aurait recouvrement des zones de MELESE et de LARSE.
(iii) En vallée d’Aoste et en haute Tarentaise, BRINVA ou BRENVA et ses variantes BRINZA, BRINGA remplacent LARSE pour nommer le mélèze, d’un étymon pré-roman, probablement gaulois [Boyer]. On a ainsi BRINZYI, pl. BRINZE à Sainte-Foy-en-Tarentaise, BRINHZA à Tignes, BRINVA à Chamonix. D’où les toponymes la Brenva (aiguille, glacier, chalets, col de la .) à Courmayeur , la Brinza à Sainte-Foy-en-Tarentaise. On notera une zone de recouvrement entre LARSE et BRINVA de part et d’autre du Mont Blanc à Chamonix et Courmayeur.
Hors des Alpes :
En Lozère et Haute-Loire, on trouve Malzieu ou le Malzieu. Celui de la Haute-Loire était Melzeu en 1252, Melzevio en 1374, Melzieu en 1377 [TGF].
En Alsace, le mélèze est LAERCHE [Pégorier], rattaché à LARSE.
En Corse, on a un nouveau étymon qui a conduit à ARAJU [Pégorier].
Arnaud = A. Arnaud, G. Morin, – Le langage de la vallée de Barcelonnette, Champion, 1920
BG2 = H. Bessat,, C. Germi, Lieux en mémoire de l’alpe, Ellug, 1993
Boyer = R. Boyer, Les noms de lieux de la région du Mont-Blanc, Éditions Mythra, Sallanches, 1976
Chabrand = JA. Chabrand, A. Rochas, Patois Des Alpes Cottiennes (Briançonnais et vallées Vaudoises) et en particulier du Queyras, 1877
Chazal1 = A. Chazal, Toponymie de Bessans, Éditions de Belledonne, 2002
CNRTL = Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
Delamarre = X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Éditions Errance
DELF = O. Bloch, W. Von Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF, 2002
Eïlamou = Collectif – Eïlamou, sur la montagne, Éditions du Fournel, 2007
Faure = A. Faure, Noms de lieux & noms de famille des Hautes-Alpes, Espaci Occitan, 1998
Gaffiot = H. Gaffiot, Dictionnaire latin-français, Hachette, 2000
Garnier = J. Garnier, L’occitan haut-alpin, Éditions du Fournel, 2003
Gros = A. Gros, Dictionnaire étymologique des noms de lieux de la Savoie, 1935
Honnorat = S-J Honnorat, Dictionnaire de la langue d’oc, ancienne et moderne, Digne, 1846
Mistral = F. Mistral, Lou tresor dóu Felibrige, Dictionnaire Provençal – Français, Ronjat, Jules (éd. 1864-1925)
Moutier = L. Moutier, Dictionnaire des dialectes dauphinois, IEO-Drôme-Ellug, 1903 [2007]
Pégorier = A. Pégorier, Les noms de lieux en France, Glossaire de termes dialectaux, 3e édition, IGN, 2006
Quint = N. Quint, Le parler occitan alpin du Pays de Seyne, Éditions L’Harmattan, Paris, 1998
TGF = E. Nègre, Toponymie générale de la France, 3 volumes, Droz, 1990/91
Viret = R. Viret, Dictionnaire savoyard-français, 2006