Alchemy
Rabelais obscured the identity of Pantagruelion, as an alchemist hides the makeup of his philosopher’s cojones, or a distiller instils the water of life into a mason jar.
Notes
Alchemist squaring the circle
Squaring the circle to make the sexes one whole. From Michael Maier, Atalanta Fugiens, 1617.
certaine espèce de Pantagruelion peut estre par feu consommée
Rabelais en 1552 ajoute une réference à l’eon et au chêne dont fut construite la célèbre nef Argo. Ces additions explicitent le dessein de Rabelais dans ce dernier chapitre.
Il n’est pas impossible qu’eon doive être pris dans un sens symbolique. K. Baldinger, «Eon, plante énigmatique chez Rabelais, et le Pantagruélion», Études rabelaisiennes, XXIX, 1993, p. 139-144, a rapprochée le mot d’eon (chacune des puissances éternelles émanées de l’être suprême et par lesquelles s’exerce son action dans le monde, selon Balentin et les gnostiques [Trévous, 1721]) du grec αίών, «l’esprit du monde, l’éternité». Selon lui, p. 144, Rabelais devait rattacher le terme à aeon «d’autant plus que cette interprétation coïncidait parfaitement avec l’essence de sa pensée et le sens profond du pantagruélion.».
La référence à la nef Argo est en relation avec la lecture alchimique de de la conquête de la Toison d’or que Rabelais donne dans le Quart livre (voir la Notice de cette œuvre, p. 1464). Par ailleurs, le pantagruélion n’est pas seulement le lin-chanvre suggéré par les descriptions botaniques du chapitre XLIV. Ce chapitre porte sue les vertus de pantagruélion asbeste. Dans Gargantua («la pierre dit ἁσβεστοζ»; voir V, p. 19 et n. 22; ici, p. 510 et n. 6), l’asbeston est une pierre, vraisemblablement l’amiante. Les Ancien s’en servaient pour faire des lincuels incombustibles que recueillaient la cendre des morts. Elle est pour les alchimistes le nom qu’ils donnent à leur pierre dans la mesure où elle résiste aux atteintes du feu (voir n. 4, p. 400). L’incombustibilité est ici la particularité essentielle du pantagruélion; dans la liste des elements incombustibles qu’il surpasse dans son excellence — salamandre, alun de plomb, éon, mélèze —, il est dit que ce dernier qu’il pourrait être digne d’être vrai pantagruélion. La blancheur du pantagruélion est aussi soulignée. Or, l’incombustibilité et la blancheur sont les caractéristiques mêmes de la matière des alchimistes après la putrification, la matière ayant alors «acquis un degré de fixie que le feu ne sçauroit detruire» (ibid, p. 58). Derrière le pantagruélion, Rabelais entend donc aussi la pierre philosophale, utilisant comme dans Thélème les ressources de l’art stéganographique (voir la Notice de Gargantua, p. 1042), proposant ainsi comme dans l’énigme en prophétie des objects différents à la sagacité de son lecteur.
La lecteur alchimique explicitée ici pour le pantagruélion appelé asbeston autorise peut-être certains rapprochements dans les chapitres précédents. Les adeptes ont-ils pu être tentés, derrière la pantagruélion vert, de distinguer le lion vert, matière employée pour le magistère des sages?