Original French: les auoient buffetez & beuz a demy, le reſte empliſſans d’eau,
Modern French: les avoient buffetez & beuz à demy, le reste emplissans d’eau,
Notes
Buffetez & beus à demy
C’est-à-dire vuidez à moitié à force d’en tâter & retâter souvent le vin. Le Dictionnaire Fr. Ital. d’Oudin: Buffeter, assagiar il vino. Buffeteur de vin, assaggiator di vino. Buffeter un tonneau n’est pourtant pas proprement faire l’essai du vin qu’il contient, mais y mettre frauduleument autant d’eau qu’on en a tiré de vin sous ombre de le tâter. De là vient en cette signification le verbe buffeter synonyme de souffleter: terme emprunté de la monnie, pour exprimer l’action d’un faux monnoieur, qui dans la monnoie qu’il forge à l’image du Prince, fait au Prince un affront qui tient du soufflet. Mêler de l’eau dans le vin des conviez s’appeloit par la même raison servir en buffet. Mat. Cordier, chap. 24 n. 62 de son de corrupti sermonis emendatsone: in co convivio miscebaturnobis; On nous servoit en buffet, ou, comme a parlé Nicot, à buffet. Et Villon, encore en ce sens appelle vin de buffet, le vin qu’il croioit propre à cuire six hures de loup que par son grand Testament il légue au Chevalier du guet.
Rabelais, François (ca. 1483–1553),
Œuvres de Maitre François Rabelais. Publiées sous le titre de : Faits et dits du géant Gargantua et de son fils Pantagruel, avec la Prognostication pantagrueline, l’épître de Limosin, la Crême philosophale et deux épîtres à deux vieilles de moeurs et d’humeurs différentes. Nouvelle édition, où l’on a ajouté des remarques historiques et critiques. Tome Troisieme. Jacob Le Duchat (1658–1735), editor. Amsterdam: Henri Bordesius, 1711. p. 266.
Google Books
buffetez
Ozell’s note on “Should drink out”: Buffeter in French, which signifies to give one a Buffet, or Cuff; hence metaphorically to marr a Vessel of Wine by often tasting it before it is broached; or, rather, ashore, to fill it up with Water, after much Wine had been stolen or taken out of it. (Which to prevent, in the Case of Yorkshire and Burton Ale, I have heard, the Sender puts the full Cask into an empty one.) Oudin, in his Fr. Ital. Dictionary mistakes the meaning of this Word, when he says Buffeter le Vin, assagiur il Vino, taste Wine. Buffeter un tonneau (in French) is not properly to taste the Wine contained in the Vessel, but to put fraudulently therein as much Water as hath been taken our of it under pretence of tasting it. In this Sense the Verb Buffeter is synonymous to soussleter, to give on a box of the Ear, a Word borrowed from the King’s Mint, to express the Action of a false Coiner, who in forging the likeness of the Prince, does as it were, give him a Box on the Ear, by the Affront he puts on him, and so is called Soussleteur.
To mix Water in the Wine, a Man is entertaining his Guests with, is for the same Reason called Servir en buffet (not to serve at the Buffet, (Side-board) as some would take it.) … And Villon likewise in this Sense calls Vin de buffet the Wine which he thought proper for the boiling Six Wolves Heads, which by his Will he bequeathed to the Captain of the Night Watch of Paris.
Rabelais, François (ca. 1483–1553), The Works of Francis Rabelais, M.D. The Third Book. Now carefully revised, and compared throughout with the late new edition of M. Le du Chat. John Ozell (d. 1743), editor. London: J. Brindley, 1737.
buffetez
Alterez, falsifiez.
Rabelais, François (ca. 1483–1553),
Le Rabelais moderne, ou les Œuvres de Rabelais mises à la portée de la plupart des lecteurs. François-Marie de Marsy (1714-1763), editor. Amsterdam: J.-F. Bernard, 1752. p. 166.
Google Books
buffetez
On a déja vu ci-dessus, chapitre 38, C. soufleté. C. buffeté, C. déchiqueté. Villon, fol. m. 35 8° de ses œuvres, appelle vin de buffet, le vin qu’il croyoit propre à cuire six hures de loup qu par son grand Testament il lègue aux chevaliers du guet:
Aux capitaine dehan Riou,
Tant pour luy que pour ses archiers,
Je donne six hures de lou
Prins a gros mastins de bouchiers.
Ce n’est pas viande à porchiers
Qui les cuist en vin de buffet.
Pour manger de ces morceaulx chiers,
On feroit bien ung mauvais faict.
Et Matth. Cordier, au chap. XXIV, n° 62 de son De corr. serm. emendatione: in eo convivio miscebatur nobis; on nous servoit en buffet. On voit par tout ces passages que buffeter le vin se prenoit autrefois pour falsifier le vin, et le buffet de vin pour la falsification du vin. Il paroît même, par celui de chap. 28 de ce présent livre, que C. souffleté et C. buffeté sont synonymes dans la signification de C, qui, pour être trop vieux ou trop souvent exercé, ne feroit en quelque façon que de l’eau toute claire, si l’on s’avisoit de le mettre en œuvre. Ainsi je ne doute pas que ces façons de parler, vin buffeté, vin de buffet et buffeter le vin, ne viennent de buffle, dans la signification de soufflet. On dit de même donner un soufflet au roi, pour falsifier ou altérer la monnoye, soit en la rognant, soit en y mêlant de faux aloy. Et delà vient encore que, dans le passage du chaputre 28, j’entends de l’édition de 1553, qui est la meilleur à cet égard, à ces deux épitètes, soufleté, buveté, l’auteur a joint déchiqueté pour une troisième, et cela par une suit d’allusion à la monnoye, qui tantôt se trouve fausse, et tantôt rognée. Ainsi, dans le passage que nous examinons, vin buffeté est du vin mêlé d’eau, comme l’est souvent en France celui qu’on faut venir par eau, et en Saxe le vin du Rhin et d’ailleurs qu’on y mene par charroy. « Vina Rhenana et aliunde advecta, fait-on-dire à Luther, ab aurigis corrumpuntur. Ideo Itali nobis illudunt dicentes : vos Germani, non potestis vina vestra ab hydropisi curare. Nam mihi Martino Luthero contigit, quod a fidelissimo principe, vas vini Rhenani optimi mihi mittebatur. Evacuato vase undecim videbam signa in vase, quibus dolos aurigarum, qui bonum ebiberant vinum, et aquam infuderant, coignoscebam. » Coll. Medit. etc. Mart. Luth. ed 1571, tom. I, fol. 224. Tonneaux buffetez et bus à demy, sont donc des tonneaux vuidez à moitié, à force d’en tâter et retâter le vin. (L.) — De Marsy explique buffetez par altérés, falsifiés, et c’est aussi le sens que nous donnons à ce mot, d’après l’étymologie, d’après le passage même de Rabelais, et d’après celui-ci, de la première nouvelle de des Périers : « Ou se bufferent comme les vins, ou sont falsifiées comme les pierreries, ou sont adultérées comme tout. » Sur quoi La Monnoye fait cette remarque, en renvoyant à celui de Rabelais : « Bouf est le bruit qu’on fait en enflant les joues : delà boufer et boufons ces gens de néant qui, pour divertir le peuple, parceque les anciens bufets étoient ornés de plusieurs visages gros ou petits, à joues enflées; d’où bufeter a été dit premièrement pour boire au bufet, et ensuit pour boire au tonneau, comme les voituriers qui conduisent le vin. » Mais malgré ces deux autorités, nous ne pouvons admettre que bufeter et bufet viennent de buffe, joue ; buffeter doit venir, par le changement ordinaire de b en f ou en v, de buffet, et buffet de buvette, dont il n’est qu’une variante avec la finale du diminutif masculin. Ce n’est donc qu’un dérivé de buvant, formé du latin bibens : il semble que Le Duchat lui-même l’avoit reconnu; il cite, dans sa première édition, le dictionnaire d’Oudin, où on lit : « Buffeter, Assagiar il vino. Buffeteur de vin, assagiator de vino. » Si buffeter signifie altérer, frelater, c’est sans doute parceque le vin qu’on boit au buffer, et sur-tout au buffet d’un cabaret, est mélangé d’eau. On appelle encore buvette le lieu où l’on boit de semblable vin.
Rabelais, François (ca. 1483–1553),
Œuvres de Rabelais (Edition Variorum). Tome Cinquième. Charles Esmangart (1736–1793), editor. Paris: Chez Dalibon, 1823. p 287.
Google Books
buffetez
Falsifiés.
Rabelais, François (ca. 1483–1553), Œuvres de F. Rabelais. Nouvelle edition augmentée de plusieurs extraits des chroniques admirables du puissant roi Gargantua… et accompagnée de notes explicatives…. L. Jacob (pseud. of Paul Lacroix) (1806–1884), editor. Paris: Charpentier, 1840. p. 311.
buffetez
Dérobés.
Rabelais, François (ca. 1483–1553),
Oeuvres. Édition critique. Tome Cinquieme: Tiers Livre. Abel Lefranc (1863-1952), editor. Paris: Librairie Ancienne Honoré Champion, 1931. p. 370.
Internet Archive
buffetez
Chapardés
Rabelais, François (ca. 1483–1553), Le Tiers Livre. Pierre Michel, editor. Paris: Gallimard, 1966. p. 581.
buffetez
Voir chap. XXVIII, n. 47
Rabelais, François (ca. 1483–1553), Le Tiers Livre. Edition critique. Jean Céard, editor. Librarie Général Français, 1995. p. 468.
chaparder
Fam. Commettre de petits vols généralement d’objets. Synon. chiper, faucher (pop.), marauder. [La capitaine au lieutenant] « Croyez-vous! Ces bougres-là… Ils chapardent » (Genevoix, Au seuil des guitounes, 1918, p. 58). On est allé ensemble chaparder des châtaignes dans le clos de mon père (Estaunié, L’Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 12).
1. Verbe intrans. ds Littré (terme de bivouac), aller au fourrage, en maraude.
Etymol. et Hist. 1859 (L. Larchey, Les Excentricités de la lang. fr. en 1860, p. 443 : Chaparder. Marauder […] Le mot est, dit-on, de leur invention [des Zouaves]. Les journaux l’ont imprimé plus d’une fois pendant la guerre d’Orient. Vient sans doute du mot chat-pard […] Chat-tigre). Étymol. inconnue (FEW, t. 23, p. 126b). L’hyp. citée ci-dessus et reprise par Littré faisant de chaparder « rôder en guettant la proie » un dér. de chat-pard*, nom donné au tigre, sur le modèle de léopard* (Fur.), n’emporte pas la conviction